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Point de vue de l’Institut Václav Klaus sur le soi-disant Brexit

Pages Françaises, 21. 6. 2016

Le référendum britannique sur le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, qui se déroulera le 23 juin, fait l’objet de controverses dramatiques ainsi que de manipulations politiques et médiatiques de grande envergure. Les « Objectivistes » disent que celles-ci concernent les deux parties, ce qui n’est pas exact. Seul le camp gouvernemental sait faire des manipulations. On présente le référendum, aux opinions publiques britanniques, européennes et mondiales, comme une étape fatale d’importance mondiale, qui peut, par son résultat (comprendre un OUI), menacer non seulement le projet d’intégration européenne, mais également la paix et la prospérité mondiales.

Ces évaluations et ces prédictions sont totalement absurdes et sans fondement. Celles-ci visent à intimider les électeurs britanniques (et l’opinion publique européenne) et à faire pression pour que le résultat du référendum n’aboutisse pas sur un « mauvais »résultat. C’est également le but visé par les sondages d’opinion qui ont, ces derniers jours, indiqué que les opposants à l’appartenance à l’UE étaient en tête. Ce qui a manifestement pour effet de mobiliser les partisans de l’appartenance à l’UE. Dans l’ère de la manipulation généralisée, il est très difficile d’évaluer l’état de l’opinion publique et les sondages d’opinion font, depuis longtemps, partie du jeu électoral. La Grande-Bretagne ne fait pas exception.

Essayons de simplifier :

La signification du référendum britannique repose, en réalité, sur un plan plus symbolique que pratique. Il est peu probable que la majorité des Britanniques se prononce pour une sortie de l’Union européenne. Ni les principaux partis de gouvernement ou d’opposition ne le souhaitent, pas plus que la majorité de l’establishment politique et économique. Les Écossais ne le souhaitent pas, les partenaires des Britanniques en Europe et les USA non plus. Le scénario le plus probable est que le référendum se terminera pas un NON, les débats seront clos et rien de substantiel ne changera dans l’UE à part « les leçons du Brexit », qui seront tirées par les grosses pointures de l’UE– à savoir qu’il est temps d’éliminer, par tous les moyens, ces forces politiques qui, dans les différents pays membres de l’UE, adoptent une critique contre le modèle d’intégration actuel et qu’il n’est plus nécessaire d’organiser un tel référendum.

L’impact du référendum sur la scène politique britannique représente encore autre chose. Pendant des années, de nombreuses personnes ont naïvement cru aux paroles du Premier ministre Cameron. Le fait qu’il impose un référendum serait un signe de bonne santé de son euro-scepticisme. Néanmoins, de sa part, cela faisait partie, dès l’origine, d’un piège bien ficelé. Comme on pouvait s’y attendre, il s’est rallié (seuls les observateurs naïfs ne s’y attendaient pas) au camp des euro-fédéralistes. Ainsi, tout le monde a pu constater que le but de l’organisation de ce référendum était de réduire au silence l’opposition interne du parti et d’accaparer le sujet à l’UKIP de Nigel Farage, qui est résolument pour le Brexit. Mais tout indique que des tranchées se sont creusées et qu’après le référendum, la société britannique, la scène politique locale et le Parti conservateur de Cameron lui-même, demeureront fortement divisés, ce qui n’était probablement pas le but initial recherché par Cameron.

Nous pouvons mener des discussions à propos des implications d’un résultat hypothétique en faveur du OUI, mais nous refusons catégoriquement de considérer qu’un tel résultat pourrait, à part celui d’un choc psychologique à court terme pour l’élite dirigeante, avoir quelconques conséquences catastrophiques, prédites par diverses « analyses » émises de manière solennelle par des britanniques, en plus de celles qui sont continentales. La Grande-Bretagne serait, à bien des égards, libérée des politiques extrêmement étatistes de Bruxelles.

Il y a également des incertitudes sur la signification réelle de ce départ éventuel de la Grande-Bretagne de l’UE, à savoir quels changements se produiraient et à quel terme. Tout ferait indubitablement l’objet de longues négociations, de périodes de transition et de divers régimes spéciaux, dont le but serait de maintenir au maximum le statu quo. Nous rejetons les allégations peu fiables qui concernent le danger pour l’économie européenne et même pour les exportations tchèques. La Grande-Bretagne resterait, sans aucun doute, membre de l’Espace économique européen à l’instar de la Norvège ou de la Suisse, alors, d’un point de vue économique, il ne se passerait probablement rien, ou alors pas grand chose, à part les réactions de panique sur les marchés financiers. Il est plus intéressant de faire des spéculations sur l’impact potentiel sur la scène politique européenne et britannique.

Le succès du référendum devrait avoir une signification positive et symbolique de grande importance.

La puissance réveillée de la voix citoyenne libre, par cette ressource irremplaçable et par la garantie d’une démocratie européenne parlementaire classique, mettrait « seulement » un peu à nu le modèle actuel d’intégration européenne qui nous a conduit, à l’heure actuelle, dans ce marasme général. Avec l’exemple d’un de ses pays membres importants, ce résultat confirmerait l’aliénation de la politique de Bruxelles vis à vis de ses citoyens et montrerait que sans démocratie, fondée sur la libre volonté exprimée par les citoyens, l’intégration européenne n’a pas de sens.

Le résultat d’un OUI serait une gifle infligée aux élites bruxelloises et berlinoises. Il serait un appel à un changement de politique. Rien d’autre de catastrophique ou d’effrayant ne se produirait. Ne nous laissons donc pas intimider. Ce sont surtout les électeurs britanniques qui ne doivent pas se laisser intimider, même si la pression sur eux est énorme. Une victoire des élites pro-Bruxelles pourrait toutefois signifier une victoire à la Pyrrhus. Il est de plus en plus évident que l’opinion publique européenne se réveille – et ce n’est plus possible de l’arrêter pour bien longtemps.

Václav Klaus, Jiří Weigl, Ladislav Jakl, Ivo Strejček, 21 juin 2016.

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